avec Sébastien Marot, Valérie Jousseaume et Matthieu Calame.
Une conférence de Valérie Jousseaume.
La façon dont on aménage le territoire engage notre façon d’être au monde. Loin de se réduire à la création de réseaux et d’équipements, l’aménagement met en jeu des choix éthiques et politiques, dans la relation aux autres et aux milieux.
Quel sens donner alors aux mutations en cours pour les territoires ? À l’heure des politiques territoriales néolibérales, quelle société peut-on espérer voir advenir au sein des masses urbaines standardisées ? Quels territoires façonnerons-nous, et à partir de quel idéal collectif ?
Un large champ de questionnements est d’ores et déjà mis en œuvre pour définir des outils de réflexion et des moyens d’action à destination des professionnel·les de l’aménagement et des décisionnaires. L’enjeu : intégrer dans les politiques territoriales une éthique de la relation.
Une conférence de Matthieu Calame.
Le lien entre agriculture et architecture, nées conjointement durant la révolution néolithique, n’est pas seulement culturel. Il renvoie aussi, plus substantiellement, à la relation entre ville et campagne. Derrière toute ville, il y a des forêts et des campagnes ; derrière toute campagne, des écosystèmes passés, présents et à venir.
La ville est aujourd’hui un lieu de pure consommation de biomasse produite ailleurs. Son métabolisme se maintient par un flux constant de nourriture, de bois, de chanvre, de coton, de laine, de biomasse fossile (charbon, gaz, pétrole).
Des ruptures technologiques peuvent-elles faire émerger une ville fermant ses flux ? Une ville-biosphère ? Rien n’est moins sûr et rien ne semble aller dans ce sens. La décision du gouvernement indonésien de déplacer la capitale de Jakarta, mégalopole devenue invivable, à Nusantara, ville futuriste au milieu des forêts tropicales de Bornéo, est-elle une métaphore dystopique de notre futur ?
Temps de débat et de discussion avec le public, en présence de Valérie Jousseaume, Matthieu Calame et Sébastien Marot.
Matthieu Calame est agronome. Il a présidé de 2001 à 2004 l’Institut d’agriculture biologique (ITAB). Il dirige aujourd’hui la Fondation Charles Léopold Mayer pour le progrès de l’Homme. Cette fondation suisse appuie des organisations et mouvements de la société civile qui mènent des plaidoyers pour une transition sociale juste. Elle est présente à la fois sur les questions agricoles et alimentaires, sur les modèles énergétiques, la participation, les médias alternatifs et la défense de l’espace d’action de la société civile.
Valérie Jousseaume est géographe ruraliste, maîtresse de conférences HDR à l’Institut de géographie et d’aménagement de l’université de Nantes et membre de l’équipe CNRS « Espaces et Sociétés ». Elle produit par ailleurs des conférences dans la France entière auprès des collectivités et acteurs des territoires, visant à la construction collective d’un récit et à l’invention d’une société en transition. Elle a récemment publié Un nouveau récit pour les campagnes : « Plouc Pride » (L’Aube, 2023).
Sébastien Marot, philosophe de formation, est professeur HDR en histoire et culture architecturales à l’École d’architecture de la ville & des territoires Paris-Est. Il est aussi professeur invité à l’École polytechnique fédérale de Lausanne, où il enseigne l’histoire de l’environnement. Délégué général de la Société française des architectes de 1986 à 2002, il est notamment l’auteur de L’Art de la mémoire, le territoire et l’architecture (Éditions de La Villette, 2010). Sébastien Marot est le commissaire de l’exposition itinérante « Taking the Country’s Side », produite dans le cadre de la Triennale d’architecture de Lisbonne en 2019, et présentée actuellement à la Friche la Belle de Mai, jusqu’au 21 mai 2023.
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