Terres Communes

Mercredi 26 avril

ORGANISER LES COMMUNS

Pratiques collectives et questions foncières

Coordinateur : Antoine Devillet (Bureau des guides du GR 2013) avec l’Assemblée des communs

« Je propose d’associer les communs avec une capacité de résistance, de réappropriation des capacités de penser et d’agir ensemble. »
Isabelle Stengers, Au temps des catastrophes, 2009

Une conférence d’Isabelle Stengers.
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Alors que les mégabassines se multiplient avec la complicité de l’État, que des milliers d’hectares de terres agricoles continuent d’être vendus aux géants de l’industrie à des prix inaccessibles aux paysan·nes, et que la réforme « systémique » de l’enseignement supérieur cache mal un vaste projet de privatisation, l’espoir et les luttes se cristallisent autour du modèle des communs.
Échappant à l’opposition propriété publique/propriété privée, les communs se définissent comme des ressources partagées, entretenues et gérées par une communauté, qui assure leur pérennité tout en garantissant les droits de chaque membre. Lutter pour les communs revient donc aussi, plus largement, à défendre une cosmopolitique.
À l’heure de la marchandisation généralisée, que reste-t-il de nos communs, non seulement dans la réalité de nos territoires, de nos ressources et de notre organisation du savoir, mais aussi dans nos imaginaires collectifs et nos pratiques socio-environnementales ? Dans quelle mesure ce concept ancien, aujourd’hui largement réactualisé, constitue-t-il une politique d’avenir à même de répondre aux crises démocratiques, sociales et écologiques ? Et en quoi les « nouveaux communs » diffèrent-ils de ceux d’hier ?

Proposé par les Grandes Tables

Table ronde avec Isabelle Stengers, Serge Gutwirth et Thomas Figuera
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Il y a presque deux ans, la Ville de Marseille rachetait le McDonald’s de Sainte-Marthe pour pérenniser le projet solidaire et social de l’Après M lancé par d’ancien·nes salarié·es – mettant ainsi fin à la menace d’expulsion que le géant du fast-food faisait planer.
Face aux assauts de la privatisation, les initiatives citoyennes se multiplient ces dernières années pour renforcer les usages collaboratifs afin d’interpeler les collectivités et négocier la transformation des politiques urbaines locales. Parallèlement, certaines collectivités tentent d’ouvrir la gouvernance des communaux aux habitant·es.

Comment projeter alors ce partenariat public-commun ? En quoi le modèle des communs peut-il devenir un outil pour une réappropriation des institutions municipales ? Et dans quelle mesure les collectivités peuvent-elles en retour protéger les communs et les encourager ? Ces derniers devraient-ils cohabiter avec les communaux ou s’y substituer ? Comment les différents partenaires s’emparent-ils aujourd’hui de cette notion et qu’y projettent-ils ?

Ateliers avec l’École des communs de l’alimentation, les États généraux des sols vivants et le Collectif des habitant·es organisé·es du 3e arrondissement.
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Restitution des ateliers autour d’un apéro dinatoire.

Les intervenants

Le Collectif des habitant·es organisé·es du 3e arrondissement (ou CHO3) est un collectif d’entraide et de lutte qui s’appuie sur le principe de la « démocratie d’interpellation ». L’objectif est de réunir un maximum de personnes subissant une injustice commune, pour créer un rapport de force avec l’entité responsable de l’injustice. Le collectif s’implique notamment dans l’accès au droit, dans la lutte contre l’habitat indigne, et dans la sécurité et l’autonomie alimentaires.

L’École des communs de l’alimentation est un projet qui se donne pour objectifs l’interconnexion, la visibilisation et le renforcement des pratiques de transition alimentaire dans le champ des communs. Porté par l’association Remix the Commons (un espace interculturel de cocréation d’outils et de connaissances sur les communs par la recherche-action), ce projet se déploie à travers quatre chantiers, à Marseille, Toulouse, Montreuil et Autrans.

Les États généraux des sols vivants sont portés par un collectif en cours de constitution, qui revendique une autre politique des sols et arpente actuellement différents lieux-jalons de Marseille (vallon des Hautes Douces, Colinéo, Foresta…). La tenue des états généraux est prévue pour fin 2023, en même temps que la signature d’un plaidoyer en faveur des sols vivants et terres fertiles, que les différents acteurs et actrices déclineront et feront vivre sur le territoire marseillais.

Thomas Figuera est chercheur en droit et en architecture. Diplômé de l’École nationale supérieure d’architecture de Marseille, il a travaillé sur l’élaboration d’un commun en centre-ville d’Athènes, où il a codéveloppé un atelier de construction participatif. Actuellement en thèse, il étudie entre autres l’ex-Asilo Filangieri de Naples, un commun urbain auto-institué et auto-géré.

Serge Gutwirth est professeur à la faculté de droit et de criminologie de la Vrije Universiteit Brussel (VUB). Il a enseigné les droits de l’homme, la théorie du droit, le droit comparé et la science juridique. Il est fondateur et codirecteur du centre de recherche « Law, Science, Technology & Society » et a entrepris maintes recherches concernant le droit des technologies de l’information. Depuis quelques années, il s’intéresse en particulier à la résurgence des commons dans le paysage politique et juridique.

Sébastien Marot, philosophe de formation, est professeur HDR en histoire et culture architecturales à l’École d’architecture de la ville & des territoires Paris-Est. Il est aussi professeur invité à l’École polytechnique fédérale de Lausanne, où il enseigne l’histoire de l’environnement. Délégué général de la Société française des architectes de 1986 à 2002, il est notamment l’auteur de L’Art de la mémoire, le territoire et l’architecture (Éditions de La Villette, 2010). Sébastien Marot est le commissaire de l’exposition itinérante « Taking the Country’s Side », produite dans le cadre de la Triennale d’architecture de Lisbonne en 2019, et présentée actuellement à la Friche la Belle de Mai, jusqu’au 21 mai 2023.

Isabelle Stengers est professeure émérite de philosophie des sciences à l’université libre de Bruxelles. Elle a reçu en 1993 le grand prix de philosophie de l’Académie française. Elle est à l’origine, avec Philippe Pignarre, de la création de la maison d’édition Les Empêcheurs de penser en rond. Traductrice et grande préfacière, elle est notamment l’autrice de Au temps des catastrophes (La Découverte, 2009) et Réactiver le sens commun (La Découverte, 2020).